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 Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo.

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Jean-François BRILLANT
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Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo. Empty
MessageSujet: Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo.   Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo. EmptyLun 3 Mar - 21:26

Le 11 octobre 1970 une colonne de la 6e Compagnie Parachutiste d'Infanterie de Marine tombe dans une embuscade à proximité de Bédo.

Témoignage du Sergent Jacques Napoléon PARISOT dit "Napo"

" ... Soudain, des geysers de sable entourent le camion, suivis du bruit des détonations et du claquement des impacts sur les tôles. C'est ahurissant ce bruit !
Les réflexes me font réagir, je crie "stop" au chauffeur et je hurle : "débarquez !!!..."
Mon chauffeur, dont c'est la première sortie, essaie de dégager son arme du porte-fusil mais n'y arrive pas. Je lui dis alors de se cacher au fond de l'habitacle sur les pédales et qu'avec la roue de secours comme bouclier, il ne risque rien. Il m'a obéi et s'en est tiré indemne...

... Des falaises sur ma droite à 25 mètres surplombent ma position. Je m'y précipite et arrivé presque au sommet, à quelques mètres, un rebelle sort de sa cachette l'arme à la main. Je ne pourrai jamais dire ce que c'était tant on se regardait dans les yeux... ça paraissait long, mais ce fut très bref.

Qu'est-ce qu'on a pu lire dans nos regards ? Un mélange de sentiments divers sur fond de mitraille, où l'on ne sentait pas de haine.

Je fais demi-tour en pensant qu'il va me tirer dans le dos, mais rien.
Il m'a semblé le voir se remettre à l'abri.

En bas, au camion, des survivants se protègent derrière chaque roue. Dans la caisse, il y a déjà un tué, Arrondeau, ainsi qu'un blessé avec le fémur cassé. Malgré le bruit, j'entends ses gémissements...

Je me rends compte qu'on me tire dessus par derrière, ils sont de chaque côté ! Ils ne montent même pas une embuscade réglementaire !..

... Puis c'est le choc, une balle de 303 expansive m'arrive dans la jambe droite qui s'envole presque devant moi sous le choc terrible, comme si on m'avait fracassé le tibia avec une barre de fer... Je remonte mon pantalon, dans le mollet un trou affreux, on pourrait y mettre une boîte de bière en fer.

Affolé mais rassuré: l'artère n'est pas touchée, ça brûle, mon pied gauche a pris aussi. Je suis coincé. Il me reste une grenade au phosphore récupérée chez les légionnaires du REP. Seuls les cadres en possèdent car elles sont trop dangereuses avec leur retard de 2,5 secondes.

Je la sors du porte-grenades, lorsque je reçois un choc de cow-boy dans les côtes à gauche ! Je ressens un gargouillis à l'intérieur... Je me dis que c'est la fin et je me mets à hurler, à vider tout ce que j'ai...

Je vois mon camion plus bas, les blessés, les morts, les vivants... Il y en a un crie "Ca y est, ils ont eu le Sergent !"... C'est celui-là qui viendra récupérer mon poignard !

Il paraît qu'avant de mourir, on voit tout le film de sa vie, mais comme je vois toujours la même chose, j'en conclus que ce n'est pas pour tout de suite... J'arrête de hurler et je tiens ma grenade sous le sable ; quelquefois ils viennent achever les blessés...

Ca tire toujours, sauf sur moi, car je fais le mort, mais j'ai un poumon soufflant, ça fait du bruit et ça fait mal quand je respire...

Le cap de la peur est dépassé: dans ma tête je suis d'accord pour tirer la goupille s'ils viennent. Mais ce sont les copains qui arrivent...

... Quelques jours plus tard, à Fort-Lamy, le médecin-capitaine Marini me dira qu'en principe avec ce que j'avais, intestins déchirés, et rate éclatée en plus du reste, sans soins on meurt au bout de 4 heures...

Mais comme le moral c'est 80 % de la guérison, je m'en suis sorti...

Pour cela, j'ai eu la Médaille militaire et la Croix de la valeur militaire avec palme...

Triste bilan dans mon groupe: 3 tués, le caporal-chef Thomas du bureau-comptable, le parachutiste Arrondeau le cuistot, venu pour une fois en brousse, et le parachutiste Raygasse qui blessé, est sorti en rampant de l'abri précaire du 6x6 malgré les conseils des autres... Les rebelles l'ont achevé, il a appelé sa mère très fort avant de mourir...

A la fin du combat, le pourvoyeur FM de Barbara, le parachutiste Mizera est venu me voir. Il a décroché mon poignard US en me promettant de me le ramener...

En 1974, il se pointe à mon domicile, et me le rend: "je vous avais promis de vous le rendre, la lame est un peu usée car je l'ai souvent affûtée, mais je vous ai vengé."

Il n'était pas nécessaire de lui demander des détails..."


Dernière édition par Jean-François BRILLANT le Lun 1 Fév - 11:29, édité 1 fois
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Jean-François BRILLANT
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MessageSujet: Re: Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo.   Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo. EmptyLun 3 Mar - 21:43

Onze parachutistes ont perdu la vie ce jour là.
Le plus jeune devait fêter ses 18 ans le lendemain, le plus âgé en avait 26 !

Eric ARONDEAU, Marsouin, 20 ans,
Sylvain BLUTEAU, Caporal, aurait eu 18 ans le lendemain,
Lucien DETAILLER, Marsouin de 1ère Classe, 24 ans,
Edouard DOUTY, Marsouin, 20 ans,
Albert GAGNOL, Caporal-Chef, 23 ans,
Norbert MARTIN, Marsouin, 18 ans,
Bernard NESSUS, Sergent, 26 ans,
Bernard RAYGASSE, Marsouin de 1ère Classe, aurait eu 23 ans le 26.10,
Dominique RIGAUD, Marsouin, 21 ans,
Rémi SCRIVE, Marsouin, 19 ans
Dimitri VORONINE, Sergent-Chef, 24 ans.

Jacques-Henri THOMAS, Caporal-Chef, 23 ans, grièvement blessé dans l'embuscade est décédé le 19 octobre 1970 après avoir été évacué vers la France.

La 169e promotion de l'ENSOA a été baptisée
"Promotion Sergent Chef VORONINE"
le 11 décembre 1997.

AUX MORTS !




.


Dernière édition par Jean-François BRILLANT le Lun 1 Fév - 11:30, édité 2 fois
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Jean-François BRILLANT
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MessageSujet: Re: Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo.   Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo. EmptyLun 3 Mar - 21:54

6 pages de Paris Match n°1120 du 24.10.70 furent consacrées à la mort de nos parachutistes...
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MessageSujet: Re: Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo.   Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo. EmptyLun 3 Mar - 22:10

Ce temoignage est déchirant....
Pauvres garçons, pauvres mamans !

Aux Morts !
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https://alsacereserve.jeun.fr
Jean-François BRILLANT
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MessageSujet: Re: Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo.   Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo. EmptyLun 3 Mar - 22:11

TCHAD 1968 - 1973 "Les oubliés de l'histoire"

L'EMBUSCADE
Le dimanche 11 octobre 1970, l'unité
[la 6e CPIMa] se trouve sur le chemin du retour. Elle quitte la palmeraie de BEDO vers 15HOO locales et se dirige vers celle de KIRDIMI, distante de 50km en roulant en convoi. L'articulation de la colonne est constituée comme suit : en tête, le commando NEAU, suivi du Capitaine accompagné de sa section de commandement et d'appui ; derrière vient le commando RAFENNE qui ferme la marche. Au total, 15 véhicules roulent espacés à distance de poussière avec à leur bord, des parachutistes aguerris et rompus aux embûches de ce terrain désertique. Rien ne laissait prévoir une embuscade.

Environ à mi-chemin entre BEDO et KIRDIMI, aux alentours de 16h30 locales, le véhicule de tête (commando NEAU) est pris à partie par des rebelles cachés dans les rochers bordant la piste, à moins de 10 mètres et dans un endroit qui n'avait rien d'un "coupe-gorge".

Dès le premier coup de fusil, toute la colonne fut prise sous le feu. Les rebelles étaient bien abrités et espacés sur une longueur de plus d'un kilomètre. Ils laissèrent pénétrer le convoi dans une nasse meurtrière. Ils postèrent des hommes de chaque côté de la cuvette de sable dans laquelle la compagnie s'est trouvée soudainement bloquée. Le feu était très nourri. Les rebelles étaient environ 130, armés de fusils "Enfield" à balles expansives, et de carabines "Stati". Ils étaient dotés en munitions au moins autant que toute la compagnie et bénéficiaient de trois armes automatiques "FM Bren" et ajustaient leurs tirs. Les pertes chez les parachutistes, et en particulier au sein du commando de tête, furent sévères. Dans le groupe, le Sergent-Chef Jacques PARISOT
[voir son récit dans le premier post] fut grièvement blessé ; laissé pour mort, il fait partie des rescapés de cette hécatombe ; cela lui a valu un an d'hôpital. La quasi-totalité de l'unité fut clouée au sol en se faisant tirer comme des lapins. A trois reprises les rebelles ont engagé des tentatives pour s'emparer du véhicule de tête, mais furent repoussés à la grenade. Toutefois quelques hommes parviennent à s'abriter derrière les premiers rochers. Afin de se dégager, le Sergent-chef VORONINE tenta un assaut désespéré, à la tête de son groupe. Dans son élan, il fut tué d'une balle en plein coeur. Seul le "4" ne fut pas pris dans la nasse au déclenchement de l'embuscade. Le Lieutenant RAFENNE, entendant les comptes-rendus radio, fit débarquer ses hommes à défilement, au plus près, et entama un débordement dans le dos de l'adversaire, ce qui va permettre, en premier lieu, de dégager le commando BEAUFILS. Ce dernier s'orientera immédiatement dans les rochers pour progresser vers la tête du convoi.

Le 4ème commando continue son avance malgré 4 blessés et arrive à la hauteur des véhicules de tête de la colonne, coupant ainsi la retraite des rebelles. L'Adjudant JADOULE peut alors entamer sa progression finale avec un appui au 57 sans recul. Tenu informé de l'évolution des opérations par le Capitaine CANAL, le radio, resté à son poste, appelle LARGEAU, où stationne, à moins d'une demi-heure de vol, une patrouille de chasseurs AD4 Skyraider de l'ELAA 01/44 détachés de la base aérienne 172 Fort-Lamy (capitale du Tchad appelée aujourd'hui N'Djamena). Il fut blessé et remplacé. Son successeur ne parvient pas également à joindre la station de LARGEAU qui s'obstine à dire que ce n'était pas le moment des heures de vacations. Finalement, à la tombée de la nuit, aux environs de 18H30 locales, après trois assauts successifs, le commando RAFENNE réussit à dégager le Lieutenant NEAU, seul survivant du véhicule de tête, à mettre en fuite les derniers rebelles et à mettre en oeuvre la relève du 1er commando. A la nuit tombante, c'est l'heure du bilan. Pour les "Paras" il est très lourd : 11 morts, un douzième décédera en cours d'évacuation sanitaire (EVASAN), 25 autres furent blessés, dont le Capitaine CANAL et le Lieutenant NEAU. L'ambiance de cette nuit qui commence est pesante. Tandis que le médecin s'affaire autour des blessés, le Capitaine s'attache à remettre de l'ordre dans sa "boutique", avec, pour souci primordial, un hypothétique retour des rebelles.

Les véhicules avaient durement souffert. Les mécaniciens s'affairent toute la nuit afin de parer au plus urgent. Mais, soudain, l'isolement est rompu par un contact radio ; c'est un réconfort, ajouté au vrombissement d'un Nord Atlas 2501 du GMT 00.59 qui se fait entendre en larguant à rythme régulier ses lucioles, mission dévolue à la Base aérienne 172 Fort-Lamy. L'état de certains blessés est désespéré, et pour avoir une chance de les sauver, seule l'évacuation d'urgence était adaptée. Le Lieutenant KORELA, au manche de son Alouette II, seul hélicoptère disponible à la base avancée de LARGEAU, accompagné du Capitaine NEFOLOV commandant de l'escadrille de chasse faisant office de navigateur, exécuta 3 rotations, en dépit du vent de sable qui se levait et des risques de pilotage de nuit, pour sauver les blessés. Au lever du jour, les rebelles ne se manifestèrent pas. Commença, alors, la fouille des lieux du combat pendant que les mécaniciens continuaient à réparer tant bien que mal les véhicules criblés d'impacts afin de continuer la route vers KIRDIMI où une colonne de secours devait être présente.

Chez l'ennemi les pertes furent lourdes puisque furent dénombrés 60 tués. Par la suite, il s'est avéré, sur des renseignements de prisonniers, que ce nombre était plus important par la découverte de tombes et de la trentaine de cadavres abandonnés sur le terrain. Une quinzaine d'armes appartenant aux rebelles furent ramenées à LARGEAU, ainsi qu'un drapeau du FROLINAT (Front de libération national) trouvé sur le corps d'un rebelle par le "para" PLATEL du "4" et qui est exposé au musée des Troupes Aéroportées (T.A.P.) de PAU.

Un point à souligner : lors des obsèques, au Camp DUBUT à Fort-Lamy, 11 cercueils, quatre gerbes seulement... Sur environ 1400 Européens stationnés à Fort-Lamy, 7 civils sont présents lors de cette cérémonie. Une guerre qui n'ose pas dire son nom, mais qui a ses morts...


Stanislas OPOLCZYNSKI
Tiré de la revue "Infos Extérieures"


Dernière édition par Jean-François BRILLANT le Lun 1 Fév - 11:31, édité 1 fois
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Jean-François BRILLANT
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MessageSujet: Re: Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo.   Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo. EmptyLun 3 Mar - 22:20

Que de leçons à tirer de ces témoignages, que j'ai découverts aujourd'hui en faisant des recherches sur nos soldats tombés depuis la fin de la Guerre d'Algérie...

Puissent-ils "réveiller" ceux qui confondent "jeux vidéo" et "vraie vie"...

J'en suis à me demander si, depuis 1939, un jour s'est passé sans que des soldats français soient engagés quelque part sur cette Terre...
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MessageSujet: Re: Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo.   Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo. EmptyLun 3 Mar - 23:51

barbara a été un de mes chef de section au 8 respect
ma deuxième tournant au TCHAD je l'ai passé sous ses ordres beret rouge
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MessageSujet: Re: Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo.   Tchad, 11 octobre 1970 : l'embuscade de Bedo. Empty

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