Paris limite les ambitions politiques de l'Alliance atlantiqueAu sommet de Riga, les dirigeants français ont pu faire admettre le principe d'un « groupe de contact » sur l'Afghanistan.Les diplomates français voulaient éviter que le sommet de Riga ne soit celui de l'extension, de la globalisation de l'Otan. Ou de la dilution, comme ils en pointaient le risque. Rien de tout cela, finalement. Les grandes ambitions ont été douchées par le réalisme cru de la situation en Afghanistan, où les troupes de l'Otan n'arrivent pas à mater la rébellion des talibans.
Sur ce dossier chaud, les Alliés ont voulu mettre de côté leurs divergences. Ils se sont engagés à lever, au moins en partie, les restrictions qui pèsent sur l'utilisation de leurs troupes : ainsi les contingents déployés au nord n'étaient pas immédiatement mobilisables au sud, où se déroulent les combats les plus durs.
Désormais, la mobilité des 32 000 hommes déployés sur le terrain sera accrue. Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, s'est déclaré satisfait des engagements pris.
Côté français, cela implique que les militaires basés à Kaboul pourront, au cas par cas et sur décision de Paris, aller donner un coup de main aux contingents plus exposés. Pour cela, le dispositif français sera musclé, « à effectifs constants » cependant, soit quelque 1 100 hommes : renfort de deux hélicoptères Cougar et de soldats plus aguerris. Les trois Mirage 2000 déployés à Douchambé seront maintenus et pourraient être rejoints au printemps par des Rafale, engagés pour la première fois en opération extérieure. Le président Jacques Chirac a affirmé que dans ces « aménagements », il n'était « pas disposé à aller plus loin ». Sur le plan politique, Paris a pu faire avaliser par ses partenaires le principe d'un « groupe de contact » - sur le mode du Kosovo - pour améliorer le pilotage politique de l'opération afghane. « Nous avons plaidé pour une insertion de l'action de l'Otan dans une stratégie globale », a déclaré Jacques Chirac à l'issue du sommet.
L'enjeu dépasse les soubresauts d'Asie centrale. Il s'agit d'empêcher que l'Alliance ne s'arroge un rôle dirigeant dans le traitement politique et civil des crises, vision développée outre-Atlantique. Pour cela, il y a l'ONU, « seule enceinte politique à vocation universelle », a affirmé le président de la République.
Faire progresser l'EuropeLe secrétaire général de l'Otan va étudier la formation de ce groupe de contact, qui doit permettre une meilleure concertation avec les grandes organisations internationales et les pays voisins. Une formule qui pose la question sensible de la participation de l'Iran. Les Français y sont favorables, y voyant aussi l'opportunité de renouer le dialogue sur d'autres dossiers. « Nous n'en avons pas parlé explicitement, mais nous sentons bien que les Américains n'y sont pas prêts », confie cependant un diplomate.
Les responsables français ont aussi évité que le principe d'un « partenariat global », voulu par Washington, avec des pays opérant aux côtés de l'Alliance sans en être membres, ne soit formalisé. Cette relation ne se fera qu'au cas par cas, au rythme des opérations. Ils ont salué chaudement la déclaration opérationnelle de la NRF, la force de réaction rapide de l'Otan. Dans leur esprit, derrière les gros bataillons de l'Alliance, se profilent les colonnes - encore légères - de la défense européenne. Tous les pays européens participent à la NRF et c'est dans ce cadre qu'ils entraînent leurs forces en commun. Il faut donc en être. En jouant l'Otan, les Français veulent faire progresser l'Europe. Un jeu subtil où le collectif laisse encore à désirer.
Source :
http://www.lefigaro.fr, le 30 novembre 2006.
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OK avec Chirac pour limiter le rôle de l'OTAN...si pour supléer l'ONU il faut recourir à une organisation somme toute pilotée par un seul pays (les Etats-Unis), ça ne promet pas forcément de bonnes choses.
Pour ce qui est de la mobilité des troupes OTAN là-bas...
Merkel a concedé du bout des lèvres la possibilité pour les soldats allemands de quitter leur zone d'action actuelle uniquement
"en cas d'urgence".Qui définit l'urgence? L'OTAN? Seule? En collaboration avec les pays concernés?
La France retire ses FS...soit.
L'envoi de Rafale F2 changerait quoi à la donne?
Ne s'agit-il pas plutôt de tenter de devancer les Britanniques qui prévoient de déployer le Typhoon dans un court terme dans l'espace aérien afghan?
Et somme toute de faire la promo des productions de la maison Dassault et du savoir-faire "made in France"?
Qui sont ces "soldats plus aguerris" attendus en renfort au sol?
Bref, ça ressemble drôlement à un effet d'annonce...
Je vois de moins en moins comment dans un conflit que militaires et civils qualifient eux-mêmes comme
"virant au cauchemar", les 32.000 soldats de l'OTAN feront mieux que l'Empire britannique au XIXe siècle ou l'Empire soviétique et ses quelques 100.000 hommes entre 1979 et 1990.