Nicolas Sarkozy inaugure aux Invalides l'Historial Charles de Gaulle
Le président Nicolas Sarkozy inaugure vendredi à Paris l'Historial Charles de Gaulle, un monument d'avant-garde aménagé sous les Invalides qui retrace l'itinéraire du chef de la France libre et du fondateur de la Vème République en s'appuyant uniquement sur l'image et le son.
Trente-sept ans après sa disparition, le général de Gaulle a désormais son lieu à Paris. La décision de créer ce monument a été prise en 2002 par le président Jacques Chirac. Les travaux ont été lancés fin 2005, en vue d'une ouverture début 2007. Le chantier ayant pris du retard, c'est à son successeur qu'il revient de l'inaugurer, avant son ouverture au public samedi.
"Le but n'est pas d'attirer de vieux gaullistes mais de transmettre aux générations futures" les enseignements laissés par de Gaulle, explique Sharon Elbaz, commissaire de l'Historial et directeur des projets de la Fondation Charles de Gaulle. Pour s'adresser aux jeunes, la Fondation et le musée de l'Armée, qui a assuré la maîtrise d'ouvrage, ont misé sur la modernité et le numérique.
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lire la suite Conçu par les architectes Alain Moatti et Henri Rivière, l'Historial est enterré sous une cour de l'Hôtel des Invalides édifié à l'époque de Louis XIV. "Ironie de l'histoire, nous sommes tombés sur un bunker nazi qu'il a fallu démolir à main d'homme pendant des mois pour ne pas fragiliser les bâtiments du XVIIe dépourvus de fondations", raconte M. Moatti. De l'extérieur, l'Historial, qui s'étend sur 2.500 m2, est totalement invisible.
A douze mètres de profondeur, les architectes ont construit un écrin en béton. En son coeur, une salle multi-écrans en forme de coupole inversée, qui s'ancre, selon eux, dans "la terre de France". Le visiteur y découvre un film de 25 minutes sur de Gaulle. Commenté par Maurice Druon et composé d'images d'archives connues, c'est un peu "l'image d'Epinal" du général qui est présentée là, afin de créer "l'émotion", explique M. Elbaz.
Autour de la salle de cinéma, un anneau déambulatoire symbolise "la marche du siècle" par des scénographies sophistiquées. Il est entrecoupé de trois "portes" qui présentent les actes fondateurs de l'itinéraire gaullien: l'appel du 18 juin 1940, la libération de Paris (août 1944) et la fondation de la Ve République (1958).
Enfin, des alcôves donnent à voir et à comprendre des images d'archives, en utilisant l'interactivité. Le visiteur, muni d'un audioguide en plusieurs langues, butine ce qu'il souhaite. C'est le moment de l'approfondissement des connaissances et du décryptage. L'action de Charles de Gaulle à la tête de l'Etat français entre 1958 et 1969 est amplement abordée.
Inutile, en revanche, de chercher un quelconque képi du général: il n'y a aucun objet lui ayant appartenu. "Il récusait le culte des reliques", rappelle M. Elbaz. Tout au plus a-t-il légué au musée de l'Armée la veste militaire qu'il portait en 1940, ajoute le commissaire.
Pour ses concepteurs, il ne s'agit donc pas à proprement parler d'un musée, chargé de présenter des collections d'objets. Ni d'un mémorial: celui de Colombey-les-Deux-églises (Haute-Marne) va être agrandi par la construction d'un bâtiment qui sera inauguré fin 2008. L'Historial entend éclairer le cheminement d'un homme (1890-1970) qui a marqué l'histoire de la France au XXe siècle.
Le projet a coûté environ 18 millions d'euros. "Il manquait à Paris un lieu honorant de Gaulle", souligne M. Elbaz, en rappelant qu'il n'y avait jusqu'alors qu'une statue sur les Champs-Elysées.