TYR (AFP), 08:52
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Un char français de la Finul passe un point de contrôle de l'armée libanaise dans le village de Blat au Liban sud, le 17 novembre 2006Des Casques bleus de l'ONU ont été déployés jeudi sur la frontière entre le Liban et Israël, où des tirs ont été échangés mercredi soir entre soldats libanais et israéliens, premier incident armé depuis la fin de la guerre menée cet été par Israël contre le Hezbollah chiite libanais.
L'incident a éclaté lorsque l'armée libanaise a ouvert le feu à l'artillerie en direction d'une position militaire israélienne, dans la région de Maroun ar-Ras, zone frontalière du sud-est du Liban où des forces israéliennes avaient fait mouvement dans la soirée pour mener une opération de déminage.
La Force intérimaire des Nations unies (Finul), dont les 12.000 Casques bleus veillent au respect de la trêve dans le sud du Liban, a déployé des renforts dans cette région, sous contrôle du bataillon français.
"L'armée libanaise et les forces israéliennes ont échangé des tirs de part et d'autre de la Ligne bleue. Cet échange a été déclenché par l'armée libanaise après qu'un bulldozer israélien a traversé la ligne grillagée dans une apparente tentative de déminer" la zone frontalière, a expliqué un porte-parole de la Finul, Milos Strugar.
L'incident, qualifié de "grave" par la Finul, a pris fin vers minuit, sans faire de blessés. Le commandant de la force, le général italien Claudio Graziano, a été en contact "avec les deux parties pour les presser de cesser les hostilités", a ajouté le porte-parole.
A Jérusalem, le général l'armée de l'air israélienne Alon Friedman, chef d'état-major du commandement de la région militaire nord, a indiqué qu'Israël allait augmenter le nombre de ses vols au-dessus du Liban."Nous estimons que le calme devrait revenir, mais nous nous préparons à tous les scénarios", a-t-il estimé.
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Portrait d'un martyr du Hezbollah à la frontière entre le Liban et Israël, le 6 février 2007 à Kfar KilaLa ligne grillagée qui sépare les deux pays est dans ce secteur distincte de la Ligne bleue, tracée par l'ONU en 2000 pour délimiter Israël du Liban.
Ce flou sur le tracé exact de la frontière est régulièrement source de tension dans cette région où le parti chiite Hezbollah, toujours très puissant bien que retourné à la vie civile, continue à accuser Israël de menées agressives.
Mercredi, des habitants de la zone frontalière s'inquiétaient ainsi de mouvements de troupes israéliennes observés ces derniers jours dans le secteur de la Ligne bleue.
Dans la soirée, deux engins de déminage israéliens accompagnés de chars Merkava ont été aperçus s'approchant de la Ligne bleue, près de Yaroun, au sud de Bint Jbeil.
Ces mouvements ont amené l'armée libanaise à renforcer sa présence et déployer environ 70 soldats accompagnés de chars, avant que n'éclatent les premiers tirs d'artillerie.
Les mouvements de chars israéliens étaient accompagnés de survols d'hélicoptères qui lançaient des fusées éclairantes.
Selon les services de sécurité libanais, un char libanais a été atteint par un obus israélien dans l'échange de tirs.
Mercredi soir, une porte-parole de l'armée israélienne avait expliqué qu'une unité du génie, avec des bulldozers, avait entrepris de niveler le secteur, en territoire israélien, où ont été découvertes lundi quatre charges explosives entre la Ligne bleue et la clôture de sécurité.
Israël avait accusé le Hezbollah de les avoir posé, y voyant la preuve que le parti chiite n'a pas "mis fin à ses opérations hostiles".
Mardi, le Hezbollah avait démenti, assurant que les charges avaient été placées "avant la guerre" de l'été.
Israël a mené l'été dernier une guerre de 34 jours au Liban contre le Hezbollah, qui s'est achevée le 14 août par une trêve conclue sous l'égide de l'ONU. Quelque 15.000 soldats libanais, épaulés par les Casques bleus de l'ONU, se sont ensuite déployés au Liban sud.
Aucun incident majeur n'a été signalé depuis l'arrivée des premiers Casques bleus en septembre et le retrait des troupes israéliennes du Liban sud le 1er octobre.