La Voix du Nord
mardi 31 juillet 2007
Dominique SERRA
La tête et les jambes pour les futurs réservistes de la Gendarmerie
Soixante-douze jeunes gens viennent de passer trois semaines à Genech. Ils participaient, pour la première fois dans la région, à un stage de la "Préparation Militaire Gendarmerie". La filière est encore peu connue, mais elle attire de plus en plus.
Dans l’Institut de Genech, assoupi pendant les grandes vacances, d’étranges pensionnaires marchent au pas, planchent sur la déontologie du Gendarme, l’accueil des usagers ou les techniques d’interpellations d’individus menaçants.
Ils ont renoncé à des vacances ou à un job d’été pour un séjour plus austère mais aussi plus formateur. Nadir 21 ans, est franchement content du stage. "C’est une formidable expérience humaine. On y apprend un tas d’éléments théoriques et pratiques, on y cultive le respect, on ressent la poussée d’adrénaline sur le terrain", résume cet étudiant en médecine qui n’envisage pas une carrière dans la Gendarmerie d’active.
Esprit de cohésion
Raphaëlle, 23 ans, titulaire d’un master en droit, tentera pour sa part le concours d’Officier en février prochain. "J’ai fait un stage consacré à l’intelligence économique dans la Gendarmerie, c’est ce qui m’a fait connaître la préparation militaire. Pas de doute, la Gendarmerie est un univers qui me convient, on fait du terrain dans un esprit de cohésion, une bonne ambiance", explique-t-elle.
On compte vingt-deux filles sur les 72 stagiaires, tous issus de la région, qui quittent donc Genech munis d’une précieuse attestation leur permettant de rejoindre la Réserve opérationnelle de Gendarmerie.
Dans la foulée, ils se verront proposer un ESR (engagement spécial Réserve) de cinq ans renouvelables. S’ils sont rattachés ensuite à une unité de Gendarmerie mobile, ils en assureront les missions (jalonnage, circulation…) sauf le maintien de l’ordre. Et s’ils dépendent de la Gendarmerie départementale, la polyvalence sera également au menu sans toutefois avoir de prérogative judiciaire.
"Nous sommes 1.200 Réservistes dans le Nord - Pas-de-Calais, la Réserve est une composante de la Gendarmerie. On fait appel à elle sur tous les grands rendez-vous, le Tour de France, l’Enduropale, la sécurité routière au moment des grands départs,.. mais nous sommes toujours encadrés par des Gendarmes d’active", souligne Vincent Joly. Responsable du centre de formation à la préparation militaire de Genech, ce chef d’entreprise dans le civil est aussi Officier de Réserve depuis quinze ans. À l’entendre, lui qui confie "dormir avec l’uniforme au pied du lit", les différents univers professionnel, familial, militaire cohabitent sans problème majeur et contribuent à l’équilibre d’une vie bien remplie.
La difficulté se situe plutôt au niveau des petites entreprises. "Des employeurs ont des difficultés à libérer leurs Réservistes, pourtant, on peut considérer que la Gendarmerie forme les salariés gratuitement", indique Vincent Joly.
En moyenne, le Gendarme Réserviste est sur le pont une bonne vingtaine de jours par an.
Même uniforme
Point commun aux seize cadres qui forment les stagiaires pendant les trois semaines de préparation militaire à Genech : tous sont des Réservistes.
"C’est un premier contact, on leur apprend les fondamentaux, on leur dit que leur première arme, c’est la psychologie pour adapter leurs interventions. Ils reçoivent une formation militaire et vont vite se retrouver sur le terrain dans des missions de secours ou de surveillance", résume le Capitaine Lefebvre, responsable des formations.
Après cette première étape aux allures de ticket d’entrée dans la Gendarmerie, les jeunes Réservistes auront trois à cinq ans pour passer le DAR (diplôme d’aptitude de la Réserve). Mais déjà, rien dans l’uniforme ne les distingue des autres Gendarmes.