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 Les voeux du Ministre de la Défense aux Armées

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Jean-François BRILLANT
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MessageSujet: Les voeux du Ministre de la Défense aux Armées   Les voeux du Ministre de la Défense aux Armées EmptyJeu 17 Jan - 23:21

Allocution du Ministre de la Défense le 11 janvier 2008 à Illkirch-Graffenstaden.

A lire attentivement...

MMM. les ministres,
M. le préfet,
M. le maire d'Illkirch, Mme le maire de Strasbourg, M. le président de la région, M. le député Yves Bur, MM. les parlementaires et élus,
M. le chef d'état-major des armées,
MM. les chefs d'état-major, M. le DGGN,
Mmes et MM. les représentants des états-majors, directions et services,
Mmes et MM. les officiers, sous-officiers, hommes du rang,
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais d'abord remercier le chef d'état-major des armées pour ses vœux, mes collègues ministres de la Défense de l'Eurocorps pour leur présence et pour leurs vœux. Vraiment merci d'être ici dans cette période toujours très chargée.

C'est un symbole fort que nous soyons réunis en ce début d'année, après une visite de l'état-major du Corps européen, pour célébrer la nouvelle année. C'est un symbole fort de notre attachement à ce que notamment l'Europe assure sa propre défense et que l'Europe progresse avec une nouvelle ambition. Et c'est un symbole fort que nous soyons réunis ici en Alsace.

La place du ministre de la Défense est au sein des forces, dans un régiment, au plus près de ses soldats, et j'ai voulu être en Alsace, dans cette terre profondément européenne, attachée au destin de l'Europe.

Cela fait huit mois que je suis ministre de la Défense, et je voudrais vous faire une confidence - et vous ne le répéterez à personne - : je suis un homme heureux, un homme très heureux.

Un homme heureux, non pas parce que j'exerce des responsabilités, avec ce que cela comporte de prestige et d'honneurs. Je n'y suis d'ailleurs bizarrement pas sensible.

Un homme heureux, non pas uniquement parce que la Défense est au cœur d'une fonction stratégique de l'Etat, une fonction qui assure sur le long terme la souveraineté, l'indépendance, voire l'existence même de notre nation.

Un homme heureux, non pas uniquement parce qu'être ministre de la Défense, c'est veiller avec beaucoup de précaution sur un joyau technologique et humain, une des pointes de diamant de l'industrie française qu'est l'industrie d'armement.

Un homme heureux, non pas uniquement parce qu'être ministre de la Défense, c'est être au cœur des relations diplomatiques qu'entretient la France avec la communauté internationale, avec ses homologues européens.

Je suis un homme heureux, d'abord et avant tout parce que j'ai la charge d'hommes et de femmes formidables : compétents, disponibles, fiers de servir leur pays, courageux au risque même de leur vie. Les Français cherchent souvent des références, des exemples ; ils peuvent les trouver dans le comportement de leurs soldats, qui savent que la vie, la citoyenneté est faite de droits, mais aussi de devoirs.

J'étais avec le Président de la République avant Noël en Afghanistan. J'étais pour les fêtes de fin d'année au Tchad et en RCA. Et bien, ce fut le plus beau passage de la nouvelle année de toute ma vie, que ce soit à Abéché au Tchad pour le 31 décembre, ou à Birao en RCA pour le 1er janvier. J'y ai vu des femmes et des hommes heureux, fiers de ce qu'ils font, tout simplement bien dans leur tête. Quand on voit à Birao une poignée de militaires vivant dans des conditions extrêmement rustiques, dans l'eau à la saison des pluies ou dans la poussière et la chaleur à l'heure où je vous parle, restaurer la paix et redonner le sourire à des villages entiers soumis avant l'arrivée de nos soldats aux pires exactions, on est fier d'être Français et fier d'être ministre de la Défense. On est fier de servir une communauté qui sait si bien faire rimer rigueur avec solidarité, exigence avec générosité.

A travers ces vœux, je veux vous dire merci pour ce que vous faites pour la France, pour la stabilité et la paix dans le monde pour lesquelles vous œuvrez sans relâche.

M. le chef d'état-major des armées, je voudrais avant tout vous souhaiter une très bonne année, et je vous le dis d'autant plus qu'elle sera rude, car faite de réformes et de combats contre nombre de conservatismes. Combien de fois la rumeur du boulevard Saint-Germain nous a prêté des relations difficiles. Nous sommes en train de mener une réforme de fond, une des plus grandes réformes que ce ministère ait connues dans les dernières décennies. Et cette réforme, je suis très heureux de la mener avec vous, dans le cadre des relations franches, cordiales et confiantes qui sont les nôtres.

Je veux aussi profiter de cette occasion pour renouveler ma confiance aux Chefs d'état-major d'armées, avec qui j'entretiens des relations exceptionnelles, ainsi qu'au Directeur général de la gendarmerie nationale. Merci pour la qualité de notre travail commun au service de nos armées.

Depuis huit mois, je suis allé à la rencontre de vous tous, et j'ai entendu vos attentes. J'ai voulu me rendre compte par moi-même comment vous vivez votre métier au quotidien, comment vous remplissez votre mission, quels sont vos attentes et vos espoirs, mais aussi quels sont les risques auxquels vous êtes confrontés.

Le monde change, et il change vite.

Des défis majeurs sont devant nous : l'instabilité croissante d'un arc de crise allant de la Mauritanie à l'Afghanistan, le déséquilibre croissant entre le Nord et le Sud, la prolifération et la levée du tabou nucléaire, les convoitises accrues sur l'énergie, le terrorisme à grande échelle capable de frapper au cœur de notre territoire, enfin l'éventualité d'une menace militaire majeure qu'on ne peut écarter. Notre territoire est plus menacé qu'il ne l'était au début des années 1990. Ce contexte changeant d'un monde qui bouge nous impose de faire évoluer notre instrument de défense à cette nouvelle donne et c'est l'objet du Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale qui rend ses conclusions en mars.

Il y a par ailleurs de fortes contraintes budgétaires : celles de la Nation avec un endettement jamais atteint (1300 milliards d'euros) et un déficit budgétaire annuel autour de 40 milliards d'euros, et celles du ministère lui-même, avec des besoins en crédits d'équipement en 2009-2013 qui, à contrats opérationnels inchangés, seraient supérieurs de 40 % aux crédits ouverts en 2003-2007, c'est-à-dire 5 milliards d'euros supplémentaires pour l'équipement des forces. Si on y ajoute le faible niveau structurel de la croissance française - j'espère que cela va changer -et les besoins des autres ministères, on comprend bien que les contraintes sont fortes et qu'elles nous imposent de faire mouvement.

Dès lors, seules de grandes réformes nous permettront de retrouver des marges de manœuvre, pour maintenir la cohérence d'ensemble de nos capacités militaires, garantir les normes d'activité et d'entraînement, renforcer la capacité d'action des forces vives, continuer d'améliorer la condition du personnel. Ces réformes, je les mènerai pour vous, pour nos armées et pour la France, et surtout je les mènerai avec vous.

Ces réformes, quelles sont-elles ?
- En premier lieu, la gestion du ministère sera améliorée, pour établir une gouvernance plus transparente et collégiale et clarifier les responsabilités de chacun. L'administration centrale, en se réformant la première, va montrer l'exemple. Il faut supprimer les doublons, les duplications de services inutiles pour être encore plus efficaces.
- Dans cette perspective, nous regrouperons les états-majors centraux et les grandes directions du ministère à Balard, dans le XVe arrondissement de Paris, dès 2012, dans un immeuble qui sera digne d'une armée moderne. Cette implantation va également donner tout son sens à la modification des décrets de mai 2005, pour réaliser la complémentarité nécessaire entre le chef d'état-major des armées et les chefs d'état-major d'armée.
- L'interarmisation doit faire un pas décisif, un saut qualitatif parce qu'il y a de plus en plus d'opérations intégrées terre-air-mer et que beaucoup de fonctions communes, notamment dans les soutiens, sont par nature interarmées. Et donc, pour favoriser ces synergies, il faut avoir - chaque fois que c'est possible - les mêmes procédures, les mêmes standards et les mêmes matériels.
La règle, la procédure, différente entre armées en fonction de la règle du milieu différente doit désormais être l'exception.
Les exemples ne manquent pas. C'est le cas notamment du groupe interarmées d'hélicoptères à Villacoublay : des efforts d'harmonisation et de standardisation des procédures y sont en cours afin que les mécaniciens de l'armée de l'air et de l'armée de terre puissent travailler sur n'importe quel appareil, et pas uniquement sur les machines de leur propre armée. On m'a donné aussi l'exemple des hélicoptères Caracal EC 725, qui viennent d'arriver dans les forces, au commandement des opérations spéciales et dans l'armée de l'air. Ce sont des hélicoptères formidables, ils ont le même nom dans l'armée de l'air et l'armée de terre. Et pourtant, si ce sont exactement les mêmes machines, les constitutions des équipages sont différentes selon l'armée et les conditions d'emploi. Il faut rationaliser tout cela.
Nous avons besoin d'interarmisation, de mutualisation des soutiens, mais aussi d'externalisation là où elle rend le système plus efficace : je pense à l'habillement. Est-ce qu'on peut continuer à avoir des stocks considérables et des unités qui n'ont pas suffisamment ce qu'il faut ?
Je pense aussi à une partie de l'infrastructure. Lorsque les infrastructures sont spécifiquement militaires ou nécessitent la protection du secret, elles doivent être suivies en interne. En revanche, lorsqu'il s'agit de logements, de bâtiments identiques à ceux du civil, d'équipements sportifs, il n'y a aucune raison que nous n'externalisions pas la maîtrise d'œuvre comme le font toutes les collectivités publiques et toutes les entreprises.

- Il y aura aussi des restructurations territoriales : les emprises seront densifiées, dans un esprit interarmées, et le soutien global sera mutualisé quelle que soit la couleur de l'uniforme. Il y aura seulement deux critères : préserver les capacités opérationnelles et améliorer les conditions de vie des agents de la Défense.
Nous allons identifier des " bassins de vie militaire ", qui faciliteront la vie des familles, la scolarité des enfants et l'activité professionnelle des conjoints, tout en permettant d'avoir un soutien et une administration générale à toutes les unités.

- Enfin, la gendarmerie, tout en demeurant une force armée, passera sous l'autorité organique du ministre de l'Intérieur, qui sera notamment responsable de son budget. Les gendarmes conserveront leur statut militaire et le ministère de la Défense continuera d'assurer leur soutien.

La volonté du Président de la République de maintenir l'effort de défense a été un signe fort de confiance ; c'est aussi pour nous tous une responsabilité.

Je m'y engage : cet effort sera accompli en donnant la priorité à nos capacités opérationnelles, en améliorant les conditions d'exercice du métier et en faisant progresser la condition du personnel. C'est ainsi que nous aboutirons à l'objectif que nous partageons tous : une armée bien équipée, dotée de matériels performants et adaptés à vos missions, des militaires bien formés et mieux payés, une défense toujours performante, opérationnelle et crédible.

Je sais que vous avez déjà fait beaucoup ces dix dernières années, davantage que tout autre ministère. Mais je sais aussi que vos compétences, votre efficacité, votre détermination vous permettront de faire face aux défis humains, techniques et opérationnels d'aujourd'hui et de demain. Car l'une des capacités premières, la première intelligence des militaires peut-être, c'est leur capacité d'adaptation. Cette adaptation, vous saurez en être les acteurs.

Un mot sur la condition militaire. Je veillerai à prendre en compte ce que me disent vos chefs et à rester à l'écoute de vos instances de concertation. Le président de la République y a insisté, hier, dans ses vœux aux armées ; il a souligné le décrochage qui s'est produit par rapport aux fonctionnaires en tenue. Il a déclaré, je le cite : " Je connais vos attentes qui rejoignent celles de la plupart des Français. Je sais que le pouvoir d'achat est pour vous aussi un problème. […] Je souhaite que vous soyez mieux payés, plus efficaces et plus performants car vos missions sont exigeantes. " Le président a aussi souligné qu'il s'agit d'un effort important, de l'ordre de 300 M€, et que nous avons déjà commencé cet effort, dès le budget 2008 avec un effort sans précédent de plus de 100 millions d'euros. Il a été possible de faire cet effort comme jamais il n'en avait été réalisé depuis dix ou quinze ans car nous avons consenti des suppressions de postes. Ainsi, en 2008, le plan de revalorisation de la condition militaire concernera les militaires du rang et les sergents et gendarmes en début de carrière. Le plan suivra au rythme le plus rapide possible en 2009 pour les autres catégories. Vous en verrez donc les effets très rapidement.

En ce début de janvier, la tradition est plutôt de prononcer des vœux, mais je pense que tel n'est pas le rôle d'un homme politique, qui est aux responsabilités, qui a la charge d'hommes et de femmes : ce sont des engagements que vous attendez de moi et non des vœux, même sincères. Et ces engagements, je compte bien les tenir, croyez-moi.

- Le premier engagement : le maintien de l'effort de défense. Cet engagement est celui du Président de la République, il est le mien. Dans tous les cas, je me battrai pour ce maintien et je n'en accepterai pas d'autre.
C'est parce que nous ferons cet effort de rationalisation que nous serons en droit de demander à la Nation les moyens nécessaires pour être en mesure d'exécuter les missions qu'on nous confie.

- Le deuxième engagement : notre autonomie de décision n'est pas négociable. La France ne peut pas déléguer son pouvoir d'appréciation et de décision à un allié de référence ou à une grande organisation internationale. Cela impose notamment de posséder des vraies capacités de commandement et de renseignement.

- Le troisième engagement : la capacité d'action. Notre pays doit rester une puissance crédible avec un appareil militaire possédant l'ensemble des grandes capacités.

- Le quatrième engagement : toutes les décisions seront prises en ayant le souci d'optimiser les capacités opérationnelles de nos armées. Les forces opérationnelles seront préservées.


Dernière édition par le Jeu 17 Jan - 23:24, édité 1 fois
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Jean-François BRILLANT
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MessageSujet: Re: Les voeux du Ministre de la Défense aux Armées   Les voeux du Ministre de la Défense aux Armées EmptyJeu 17 Jan - 23:22

2008 sera également une grande année pour l'Europe : l'année de l'Europe de la Défense. La présence ici de mes homologues européens et de représentants du Corps européen est un beau symbole de ce beau projet européen que nous voulons faire aboutir. La ville d'Illkirch, au cœur de l'Europe, en est un autre symbole : Graffenstaden, cette terre autrefois d'invasion et de guerre réunit aujourd'hui des Européens qui ont compris la nécessité de construire un espace de paix et de liberté.

La présidence française de l'Union européenne, qui succédera à la présidence slovène le 1er juillet, nous donne l'occasion de renforcer la crédibilité internationale de l'Europe en faisant progresser la défense européenne.

Il y a presque soixante ans, en octobre 1950, René Pleven exposait l'idée d'une armée européenne unifiée, qui allait être la CED : " le gouvernement ne se dissimule pas les difficultés techniques et psychologiques qu'il faudra vaincre pour atteindre l'objectif qu'il propose aux nations européennes. Mais tous les obstacles peuvent être surmontés avec de la volonté, de l'imagination et de la foi ".

Même s'il ne s'agit plus de construire une armée européenne comme on l'entendait à l'époque, cette volonté, cette imagination et cette foi, nous les avons. Vouloir construire l'Europe de la défense, ce n'est même pas une conviction personnelle, c'est une affirmation tirée du seul pragmatisme : il s'agit de prendre en compte les intérêts de notre continent, et notamment l'enjeu de la stabilité régionale au voisinage d'une UE qui compte plus de 450 millions d'habitants et dont le PIB pèse le quart de la production mondiale. Quand on a créé des intérêts communs, on a besoin de les défendre en commun. Et nous avons aussi à défendre une communauté de valeurs, un modèle de société, un patrimoine immatériel.

Construire l'Europe de la défense, c'est s'identifier, c'est prendre conscience de l'existence de l'Europe et de ce que nous sommes nous-mêmes en tant qu'Européens. Construire l'Europe de la défense, c'est donner de la chair à l'Europe - et d'abord parce qu'il s'agit d'hommes.

Construire l'Europe de la défense, c'est faire avancer la conscience que notre citoyenneté a aussi une dimension européenne. Etre citoyen européen, c'est être membre d'une communauté démocratique européenne, partager un destin commun, affirmer ensemble notre adhésion à un certain modèle de société propre à notre continent, à une certaine conception de la dignité de l'homme, de la solidarité. Et comment peut-on affirmer un destin commun et ne pas construire l'appareil qui assume sa protection, c'est-à-dire l'Europe de la défense ? Et ce n'est pas le construire contre l'OTAN mais en complémentarité avec l'OTAN.

Et nous, Européens, pouvons d'autant plus porter un message de paix et d'humanité que nous avons su tirer les leçons de notre histoire. C'est un message d'optimisme, un message de confiance pour le monde entier : d'un continent déchiré, nous avons su construire un continent en harmonie et prospère. C'est un message d'optimisme et de confiance que nous sommes mieux à même que quiconque de porter à travers le monde, notamment en Afrique. C'est pourquoi l'Europe ne peut pas être seulement un opérateur sur des missions civiles, une espèce d'agence civile de l'OTAN. Elle doit être aussi un opérateur sur une gamme plus robuste d'opérations.
On a défini l'Europe comme un espace de paix défini par le droit. C'est une conception que nous pouvons porter en dehors de nos frontières, en Afrique notamment. C'est tout le sens de la mise sur pied d'EUFOR Tchad, qui se déploiera dans quelques semaines.

L'Europe est une " école de paix et de stabilité ", avait dit un chef d'Etat européen. Voilà ce que nous devons construire.

Existe-t-il un acte plus fort pour une communauté que de mettre en commun ses moyens de défense, ce qui fait le cœur d'une nation et qui garantit sa souveraineté ? Rappelez-vous ce que vous avez lu dans vos manuels d'histoire : il est peu fréquent, dans les siècles passés, de voir des Etats, de vieilles et glorieuses nations, rassembler leurs cultures militaires distinctes et autrefois rivales, pour mener une entreprise de cette ampleur, fondée sur la volonté politique. Cette mutualisation de la puissance sera la plus grande victoire de ce début de siècle. Non pas la dissolution de notre nation - elle en sortira grandie - non pas la victoire d'un Etat contre un autre, ni de l'Europe contre le reste du monde. Mais une victoire de l'Europe, école de paix et de stabilité pour le monde.

Tout se tient : l'Europe ne pourra définir une politique extérieure qui pèse dans le monde et imposer ses vues à ses partenaires que si elle dispose des moyens militaires de la faire appliquer. On l'a bien vu dans les Balkans : l'insuffisance de nos capacités militaires a affaibli notre influence en termes de politique étrangère. La réalité est crue : le poids de l'Europe dépend aussi de son poids militaire, qui ne se mesure pas au nombre de comités bruxellois, mais en capacités réelles. C'est là qu'il nous faut agir. 450 millions d'habitants doivent bien être en mesure de peser sur le destin du monde autant que 280 millions d'habitants.

Une défense européenne forte, c'est la condition de notre influence. Le chancelier Helmut Kohl utilisait une expression très juste, en 1983 déjà, lors de la signature de la Déclaration solennelle sur l'Union européenne : " Si l'Europe entend déterminer elle aussi la politique mondiale, et si nous voulons éviter d'être le simple jouet de la politique d'autrui, il nous faut regrouper toutes nos forces. " Eviter d'être le simple jouet de la politique d'autrui, éviter que ce soient d'autres que nous qui tirent les ficelles, voilà notre objectif.

Il est temps de sortir des discours et de la rhétorique, pour entrer dans l'action et la construction. C'est la feuille de route que la France s'est donnée pour la présidence de l'Union européenne. Nous n'avons pas beaucoup de temps. Le monde dans lequel nous vivons n'est pas disposé à nous attendre et les pays européens ne forment pas une île.

C'est ainsi que la présence du Corps européen, que j'ai visité cet après-midi, prend tout son sens. Ma conviction est qu'il doit être ancré davantage à la Politique européenne de sécurité et de défense. Nos démarches en ce sens ont permis d'aboutir à un accord entre les cinq membres du Corps européen ; des travaux vont maintenant être conduits pour en faire un état-major de forces adapté aux besoins de l'UE, tout en conservant sa capacité à agir au profit de l'OTAN. Il est évident que seul un engagement dans une opération de la PESD donnerait, le moment venu, tout son sens à cette initiative.

Avant de conclure, je pense sincèrement aux femmes et aux hommes de la Défense qui, cette année, ont payé encore une fois dans l'exercice de leur engagement ; à tous ceux qui ont souffert dans leur chair au service de la France, parfois jusqu'au péril de leur vie. Je veux témoigner à leurs familles, à leurs amis, à leurs camarades, la reconnaissance et l'affection de l'ensemble de la communauté de la Défense.
Je vous souhaite, ainsi qu'à vos familles et à vos proches, une belle année 2008, et vous assure de mon attention, de ma confiance et de ma reconnaissance.

Je vous remercie.
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Panzer
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MessageSujet: Re: Les voeux du Ministre de la Défense aux Armées   Les voeux du Ministre de la Défense aux Armées EmptyJeu 17 Jan - 23:44

Un bien beau discours ! Smile
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Topper Harley
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MessageSujet: Re: Les voeux du Ministre de la Défense aux Armées   Les voeux du Ministre de la Défense aux Armées EmptyVen 18 Jan - 0:56

Cela annonce des changements.
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