Interview publiée par Ouets France le 8 mai 2008 :
La nouvelle « carte militaire » sera présentée le 19 juin. L'ampleur des réformes annoncées inquiète...
Cette réforme, au départ, pouvait paraître anodine mais ce sera une réforme d'importance. Le ministre de la Défense a annoncé au moins 40 000 suppressions de postes, ce n'est pas rien ! Aujourd'hui, on a essentiellement besoin de forces de projection parfaitement équipées et parfaitement entraînées. Or, nous nous trouvons dans un cycle où tous nos matériels doivent être renouvelés. Bref, tous les grands programmes sont devant nous. Donc, il n'y a pas 36 solutions. Ou on continue à faire semblant mais on ira très vite vers des déboires graves. Ou bien on prend des décisions drastiques et on peut se payer les équipements dont on a besoin et on peut revaloriser la condition militaire.
Les fonctions de soutien seront particulièrement touchées...
Culturellement, nous sommes restés sur une armée « de conscription », en ce sens que le soutien est plus important que l'opérationnel. Il y a dans nos armées beaucoup trop d'unités du matériel et du commissariat, d'établissements du génie... L'idée de la réforme, c'est d'inverser les ratios. On est actuellement à 60 % des moyens pour le soutien et 40 % pour l'opérationnel. Il faut inverser ces chiffres. On va vers des grandes bases de vie où seront regroupés des services et autour, dans un rayon de 30 km, un certain nombre de régiments qui seront servis par cette base de soutien. D'où la prochaine valse des régiments...
Comment se traduira la réforme pour l'armée de l'air et l'armée de terre ?
L'armée de l'air va devoir consentir des efforts très importants. A terme, elle disposera d'une centaine d'appareils de combat, des Rafale polyvalents, sur une demi-douzaine de bases. Ce qui permettra des ventes considérables de terrains de l'armée de l'air. Elle va devoir aussi tailler dans les effectifs chargés de la maintenance qui sont trop importants si l'on compare à ceux des armées chez nos voisins.
En ce qui concerne l'armée de terre, on va préserver l'opérationnel mais sur une maquette plus réduite. On a besoin de fantassins : infanterie de marine, parachutistes, chasseurs alpins... En revanche, on a certainement moins besoin de régiments du matériel, d'artillerie, de transmissions... A-t-on besoin d'autant d'états-majors ? Des quatre états-majors de forces, il n'en restera que deux : Marseille et Nantes. Les régions Terre, leurs états-majors et leurs corps de soutien vont aussi disparaître.
La marine aura-t-elle son deuxième porte-avions ?
La marine sera peu touchée par les fermetures de sites. Mais elle pourra l'être au niveau de ses équipements de surface. La première tranche de huit frégates multimissions est assurée. Je crains que la marine nationale ne doive revoir à la baisse la deuxième partie de la commande. Quant au deuxième porte-avions... On voit le prix augmenter tous les six mois : deux milliards, deux milliards et demi, trois, trois et demi ! Tout ça est assez inquiétant. Ceci dit, je crois qu'il se fera mais qu'il se fera, non plus comme un frère du Charles-de-Gaulle, mais comme la relève du Charles-de-Gaulle.
Recueilli par Philippe CHAPLEAU.
Une lecture attentive fait ressortir des choses intéressantes...
100 Rafale... qu'est devenu l'objectif fixé par la LPM 2003-2008 (300 avions)
on a besoin de fantassins... Merde alors, quelle découverte !
Le PA2 pour... remplacer le CDG... dans... 25, 30 ans ?
Alleluia ! Les politiques commenceraient-ils à ouvrir les yeux ?